Résoudre le problème posé par la structure linguistique
J’ai reçu en consultation, il y a à peu près deux ans, un jeune homme, appelons-le Basile, qui souhaiter obtenir son permis de conduire. Il l’avait tenté à deux reprises auparavant et se disait stressé par rapport à l’éventualité de ne pas réussir une troisième fois. Il poursuivait par ailleurs des études brillantes mais attribuait également au « stress » certaines difficulté dans son rapport aux autres. Nous avons travaillé dans le cadre de quelques séances, notamment en hypnothérapie. Il a obtenu son permis et a par la suite décrit cette expérience comme une découverte de capacités qu’il ignorait posséder. Il m’a confié avoir observé des changement dans d’autres domaines de sa vie. Il disait avoir gagné en assurance et que cela avait changé sa façon d’être en relation avec les autres personnes.
Il y a deux aspects de la première séance sur lesquels je vais revenir ci-après. L’un dans ce premier article consacré à cette séance. L’autre dans un article suivant.
En début de séance, Basile dit la chose suivante : je n’arrête pas de me demander si je vais réussir le permis ». Cette pensée correspond à une question formulée selon une structure en A ou non A. Est-ce que je vais réussir. Il y a là une incertitude portée sur le résultat. Permis ou pas permis. Cette pensée n’est peut-être pas à l’origine du stress, mais elle maintient à coup sûr la difficulté vécue par Basile et fait même de cette difficulté un problème car il n’y a pas de possibilité de répondre à cette question avant de passer effectivement l’examen du permis. Je lui propose alors de déplacer cette incertitude en formulant la question en terme de « comment… » ou de « quand ». En se demandant « comment je vais mettre en œuvre ce qui est important pour obtenir mon permis de conduire » ou en « comment je vais réussir », Basile peut alors déplacer l’incertitude sur la façon de réussir et non pas la laisser sur la question de la réussite elle-même. Il peut en effet réussir le permis en abordant l’examen de façon sereine ou il peut le réussir tout en éprouvant ce qu’il qualifie de stress. Il peut le réussir la prochaine fois ou le passer une quatrième ou cinquième fois. Le déplacement de cette incertitude lui permet alors de retrouver une forme de calme que nous amplifierons par la suite au cours de la séance.
Ce premier point illustre une idée importante. Pour résoudre un problème concret, éprouvé physiquement, à un niveau sensoriel ou perceptuel, il faut d’abord résoudre le problème de la structure linguistique. Par la façon dont nous formulons une situation donnée à l’aide de notre langage, nous déterminons et limitons les possibilités de résolution de la situation. Puisque nous avons cette tendance à nous identifier à ce qui a été formulé par le langage, et à nous éloigner de l’expérience sensorielle, lorsque la formulation linguistique ne permet pas la résolution d’une difficulté, nous cherchons des réponse à la formule linguistique (le problème) et non à la difficulté spécifique concrète et contextuelle.
Dans le cas de Basile, il a été possible de réduire le stress lié à l’incertitude en commençant par reformuler la situation avant d’amplifier dans le vécu corporel ce qui était là une fois le stress mis de côté. L’hypnose, et les approches permettant le changement par une élaboration et une intégration d’expériences corporelles et sensorielle sont évidemment particulièrement aidantes et appropriées, à condition de résoudre le problème linguistique, en tout cas de le réduire.