Psychologie, psychologue, psychothérapie, psychothérapeute

Qu'est-ce que la psychologie, la psychothérapie, un psychologue, un psychothérapeute ? Sans prétendre être exhaustifs, nous tentons dans cet article d'apporter quelques éléments de réponse.

 

La psychologie et la profession de psychologue

 

Pour l'American psychological association (APA), le terme psychologie désigne :

"l'étude de l'esprit et du comportement. Historiquement, la psychologie était un domaine de la philosophie et en est issue . Elle est aujourd'hui une discipline scientifique diversifiée qui comprend plusieurs grandes branches de recherche (expérimentale, biologique, cognitive, développementale, de la personnalité, sociale), ainsi que plusieurs sous-domaines de la recherche et de la psychologie appliquée (clinique, industrielle/organisationnelle, scolaire et éducative, facteurs humains, santé, neuropsychologie, interculturelle). La recherche en psychologie implique l'observation, l'expérimentation, le test et l'analyse afin d'explorer les processus biologiques, cognitifs, émotionnels, personnels et sociaux ou les stimuli qui sous-tendent le comportement humain et animal. La pratique de la psychologie implique l'utilisation des connaissances psychologiques à plusieurs fins : comprendre et traiter les dysfonctionnements mentaux, émotionnels, physiques et sociaux ; comprendre et améliorer le comportement dans divers contextes de l'activité humaine..."

L’APA définissait en 1947 la profession de psychologue comme :

« Une profession scientifique qui s’intéresse au fonctionnement psychique de  l’être humain, à ses activités, capacités et comportements, et qui applique les concepts et savoirs issus de la psychologie aux domaines touchant à l’humain ; étudie les facteurs conduisant aux états mentaux présents ; emploie des tests pour déterminer les meilleures formes d’adaptation. "

Pour la Société Française de Psychologie (SFP), le psychologue est:

"un professionnel, spécialiste dans le domaine de la psychologie. Il exerce son métier après avoir acquis un savoir et des compétences spécifiques, à travers une formation universitaire de niveau Bac + 5. (Certains psychologues sont aussi titulaires d'un doctorat, soit Bac+8). Ces aptitudes lui permettent :

  • d’évaluer et d’intervenir auprès d’individus, de groupes ou d’organisations ;
  • d’établir des relations de travail, de conceptualiser des problèmes, d’analyser risques ou effets iatrogènes ;
  • de rechercher et de construire le travail du sens en tant que voie d’accès aux expériences individuelles et groupales ;
  • de mettre en application des théories et de modéliser des pratiques ;
  • d’initier et de conduire des recherches sur l’ensemble des expériences humaines ;
  • de transmettre les données issues de ces recherches à la communauté de ses pairs ou à un large public ;
  • d’intégrer les principes fondateurs des pratiques professionnelles et d’agir en accord avec le Code de Déontologie de la profession. Sur le terrain, le psychologue est membre à part entière d’équipes pluridisciplinaires, avec comme tache essentielle celle de communiquer et avec, comme objectif spécifique, celui de contribuer à la modification des comportements individuels et collectifs. Il s’adapte à des situations nouvelles, voire inattendues, et met en oeuvre des moyens pour répondre aux besoins particuliers des contextes sociaux et humains.

Ainsi, quelles que soient les modalités d’engagement personnel, le psychologue est un authentique spécialiste de la relation, qui travaille pour l’être humain et avec l’être humain, professionnel responsable et compétent, unique de par la spécificité de son intervention et pluriel de par sa force créative, ses possibilités d’adaptation et la diversité de ses actions."

Parmi les orientations et les spécialisations de la psychologie, on retrouve notamment la psychologie clinique. Celle-ci se décrit comme une science de la conduite humaine, adaptée ou inadaptée, normale ou pathologique, « l’étude d’une personnalité singulière dans la totalité de sa situation et de son évolution », ainsi à l’histoire des cas individuels dans toute la complexité de leur évolution (Favez-Boutonier, 1959 ; Chagnon, 2014).

 

La psychothérapie

 

S'agissant de la psychothérapie, l'APA la désigne comme :

"tout service psychologique fourni par un professionnel qualifié qui utilise principalement des formes de communication et d'interaction pour évaluer, diagnostiquer et traiter les réactions émotionnelles dysfonctionnelles, les modes de pensée et les modèles de comportement. La psychothérapie peut être dispensée à des individus, à des couples (voir thérapie de couple), à des familles (voir thérapie familiale) ou à des membres d'un groupe (voir thérapie de groupe). Il existe de nombreux types de psychothérapies, mais elles se répartissent généralement en quatre grandes catégories : la psychothérapie psychodynamique, la thérapie cognitive ou thérapie comportementale, la thérapie humaniste et la psychothérapie intégrative. Le psychothérapeute est une personne qui a reçu une formation professionnelle et qui est autorisée (aux États-Unis, par un conseil d'État) à traiter les troubles mentaux, émotionnels et comportementaux par des moyens psychologiques. "

En France, les titres de psychologue et de psychothérapeutes sont réglementés. Le psychologue clinicien est de fait psychothérapeute. Certains psychothérapeutes ne sont pas des psychologues mais ont réalisé un parcours de formation et de pratique au sein d'une école de psychothérapie complété par un cursus en psychopathologie concrétisé par un stage encadré par un professionnel qualifié (psychologue clinicien ou psychiatre).

 

Quelques visions de la psychothérapie

 

Au delà de définitions "froides" que peut apporter une psychothérapie d'après les psychothérapeutes ? Voici quelques extraits qui donnent une fenêtre sur la philosophie de certains psychothérapeutes célèbres.

 

Un changement radical, profond, durable, une intention thérapeutique

 

La psychothérapie vise un changement radical, profond et durable chez une personne, à partir d'une intention "thérapeutique", D'après Tobie, Nathan, 1998

 

Carl Rogers : devenir le potentiel entier de l'organisme humain

 

Pour Carl Rogers, « Dans la thérapie, la personne ajoute à l'expérience ordinaire la conscience totale et non déformée de son expérience - de ses réactions sensorielles et viscérales. Elle cesse de déformer ou du moins déforme moins, la conscience qu’elle prend de ses expériences. Elle peut prendre conscience de ce qu’elle éprouve réellement, non pas seulement de ce que elle se permet d’éprouver après l’avoir fait passer par un filtre conceptuel. En ce sens, la personne devient pour la première fois le potentiel entier de l’organisme humain » (Rogers, 2005, p. 78-79).

 

Milton Erickson : une re-synthèse intérieure

 

Dans le cadre de la psychothérapie, l’hypnose apparait pour Milton Erickson comme une procédure qui permet d’examiner, de comprendre et de rééduquer le comportement humain. L’un des buts thérapeutiques vise donc le comportement :  « …bien des cliniciens compétents se sont succédés qui ont démontré l’utilité de l’hypnose comme procédure thérapeutique en médecine et comme moyen d’examiner, de comprendre et de rééduquer le comportement humain » (Erickson, 2009, p. 55). Cette rééducation se fait cependant « en fonction des expériences vécues du patient, de ses compréhensions, de ses souvenirs, de ses points de vue et de ses idées ; elle ne peut se faire en fonction des idées ou des opinions du thérapeute » (Erickson, 2009, p. 60). Nous pouvons dire que par le processus d’une « resynthèse intérieure du comportement du patient effectuée par le patient lui-même » (Erickson, 2009, p. 59), la psychothérapie permet à une personne de trouver de l’espace et de l’expression dans ce qui constitue sa nature, sans pour autant changer cette nature.

« L’hypnose ne change pas les gens, pas plus qu’elle n’altère les expériences qu’ils ont vécu dans le passé. Elle leur permet d’en apprendre plus sur eux-mêmes et de s’exprimer d’une manière plus adaptée » (Erickson, 2009, p. 59).

 

Les enjeux existentiels : assumer l'existence, notre capacité à expérimenter, apprendre, grandir

 

La psychothérapie nous invite par ailleurs à mieux vivre notre existence, avec les enjeux existentiels que sont la mort, la quête de sens, la liberté, l'isolement fondamental, l'amour, la culpabilité. Elle invite la personne à assumer son expérience de la réalité et à se découvrir. Rollo May disait ceci : "Une thérapie qui est importante, à mon sens, est une thérapie qui agrandit une personne...Elle élargit notre vision, élargit notre expérience, nous rend plus sensibles, elle élargit nos capacités intellectuelles ainsi que d’autres capacités.C’était ce que Freud avait l’intention de faire. C’est ce que Jung a essayé de faire. C’est ce qu’Adler et Rank ont fait. Ces gens n’ont jamais parlé de ces gadgets que sont les « techniques » thérapeutiques. Cela ne les intéressait tout simplement pas. Ce qui les intéressait, c’était de faire émerger une nouvelle personne. Vous voyez, de nouvelles possibilités se présentent dans la rencontre thérapeutique, et c’est comme ça que la personne change. Sinon, vous ne changez que la façon dont elle se comporte, seulement la façon dont elle aborde tel ou tel problème ou incident. Mais un nouveau problème va venir dans les 6 mois qui suivent et la personne sera de retour pour une autre soi-disant thérapie."

 

La spiritualité

 

« Au lieu de dire que le spirituel a un impact sur la thérapie, je dirai que la meilleure des thérapies conduit à une dimension spirituelle » (Carl Rogers, 1987)

 

«La thérapie concerne l’essence de la vie et c’est ainsi qu’elle doit être comprise.» Carl Rogers, 1951

 

« Les objectifs sont d’aider cette personne à devenir plus sensible à la vie, à la beauté.» Rollo May, 1987

 

Psychologie et psychothérapie : dimension holistique, corporelle, émotionnelles, cognitive, spirituelle

 

Les points suivants méritent d'être mis en exergue :

  • La psychologie s'ancre dans les sciences humaines au carrefours de plusieurs branches de recherches. Le psychologue clinicien et le psychothérapeute ne sont pas des professionnels médicaux (pour le psychothérapeute c'est à nuancer en fonction de la formation et du cadre d'exercice du professionnel), ni des paramédicaux, d'où la possibilité d'un regard différent qui prend en compte la subjectivité humaine dans toutes ses dimensions et non seulement dans la dimension médicale.
  • La psychologie et la psychothérapie sont des approches empiriques et scientifiques qui s'appuient d'une part sur la pratique concrète de la relation humaine, de l'accompagnement thérapeutique et d'autre part sur un corpus de recherche scientifique sans cesse renouvelé.
  • Contrairement à une idée reçue selon laquelle la psychologie et la psychothérapie s'appliquent au "mental" et à la "parole", ces disciplines mobilisent tout autant le corps que l'esprit. Le corps, l'esprit et l'environnement constituent une unité auto-organisée. A titre d'exemple, les approches rogeriennes, la gestalt-thérapie, l'hypnose ericksonienne, les approches qui s'appuient sur la présence thérapeutique, donnent une place prépondérante, au corps, à l'instant présent, aux dimensions sensorielles, émotionnelles et spirituelles. Il n'est pas possible de considérer l'activité cognitive sans considérer les dimensions sensorielles, perceptuelles, émotionnelles, spirituelles, d'où elle émerge et inversement.
  • La psychologie considère également le lien de l'individu ou des groupes à l'environnement. Il n'est pas possible d'isoler un comportement de son contexte et de l'environnement dans lequel il se produit. Cet écueil d'isoler l'individu de son environnement se constate fréquemment dans le domaine du développement personnel.
  • Le psychologue est certes un expert du fonctionnement humain, il est avant tout un expert de la relation humaine telle qu'elle se manifeste dans différents contextes. Cette expertise est d'ailleurs essentielle du point de vue de l'efficience des thérapies.

 

L'efficience des psychothérapies

 

Il existe plusieurs centaines à plusieurs milliers de techniques psychothérapeutiques. Il existe un corpus conséquent de plus de 100 années et des milliers de publications de recherche sur l'effectivité (le fait que cela produise un changement), l'efficacité (le fait que le changement obtenu est celui recherché), l'efficience des psychothérapies (le rapport du changement aux moyens déployés)

Ces données montrent globalement que ce n'est pas la technique thérapeutique qui est efficace. Les techniques ou les approches sont équivalentes. Ce qui est important, c'est la relation. De ce point de vue, il existe des thérapeutes efficaces et d'autres qui le sont moins. En particulier, les thérapeutes efficaces disposent de capacités réflexives, d'habiletés relationnelles, techniques et stratégiques particulières, ils possèdent une capacité à créer une relation à un niveau tant conscient et explicite, qu'inconscient, implicite et subtil. de confiance, à appréhender la complexité du fonctionnement humain.

Enfin, si l'on se tient à la définition de la psychothérapie en tant que changement radical, profond et durable, en tant que réorganisation intérieure, on comprend bien que la thérapie n'est pas du bien être. On utilise souvent le mot thérapie à tord pour désigner des approches de bien-être.